LA GRÈVE GÉNÉRALE S’ÉTEND AUX DÉPARTEMENTS D’OUTRE-MER

Publié le par territoriaux FORCE OUVRIERE pas de calais

Après la Guadeloupe et la Martinique, le conflit salarial atteint la Réunion et la Guyane. Et toujours pas de réponses concrètes du gouvernement qui semble miser sur un pourrissement du mouvement.

Près d’un mois de grève générale en Guadeloupe et toujours pas d’issue en vue. Lancé le 20 janvier à l’appel de l’«union contre l’exploitation outrancière – Liyannaj kont pwofitasyon (LKP) qui regroupe une cinquantaine d’organisations syndicales, dont FO, d’associations – le mouvement bute notamment sur l’augmentation de 200 euros des bas salaires et des minima sociaux. Une revendication à laquelle le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, Yves Jégo, avait accédé sur place le 8 février, avant d’être désavoué deux jours plus tard par le Premier ministre, François Fillon.

Selon un pré-accord issu des négociations avec le LKP et le patronat, M. Jégo s’était engagé en effet à ce que l’Etat finance à hauteur 100 millions euros cette hausse en compensant le surcoût des cotisations salariales pour les entreprises. Mais «l'Etat ne saurait, à l'évidence, se substituer aux partenaires sociaux dans les responsabilités qui leur reviennent», avait déclaré mardi le Premier ministre, après une réunion à Matignon avec son secrétaire d’Etat. «Par contre, (l'Etat) entend tout faire pour faciliter le rapprochement des points de vue par un véritable dialogue» en proposant une médiation», avait ajouté M. Fillon. Deux haut-fonctionnaires du ministère du Travail avaient alors été dépêchés sur place pour remplacer au pied levé M. Jégo. Et cette médiation a fait long feu depuis. «Ils ne savent pas de quoi ils parlent. On dirait que ce sont des gens qu’on a récupéré dans le métro et à qui on aurait dit: "venez avec nous il y a un souci en Guadeloupe!"», a ironisé vendredi sur Europe1 le secrétaire général de FO-Guadeloupe, Max Evariste, après que le LKP a claqué la porte des négociations avec ces haut-fonctionnaires.


Résultat, la grève s’est durcie encore un peu plus sur l’île où une manifestation a réuni samedi 50.000 personnes contre «la vie chère». Après les stations service, les commerces, les écoles, la paralysie a gagné l’aéroport et des barrages routiers pourraient être dressés dès aujourd’hui. Le LKP a précisé les discussions ne reprendront qu'à condition que le gouvernement signe le pré-accord du 8 février avec le patronat.

Et le conflit fait tache d’huile dans les autres départements d’Outre-mer (DOM). La Martinique entame ainsi son 12ème jour de grève générale sur les mêmes motifs et à l’appel là bas aussi d’un collectif rassemblant l’ensemble des syndicats. Bien que située à plusieurs dizaines de milliers de kilomètres de là, la Réunion a fait écho également aux revendications des Antilles avec un appel à une grève générale avec manifestations le 5 mars qui a été lancé la semaine dernière par une union ad hoc la quasi-totalité des syndicats et d’organisations associatives et politiques.

Tous ont le soutien des centrales syndicales, en particulier de FO. «Les salariés des DOM réclament tout simplement le droit au respect et à vivre normalement», a déclaré vendredi la confédération qui «exige du gouvernement et du patronat qu’ils prennent en compte les revendications et rappelle que les collectivités d’Outre Mer ne sont pas des cartes postales mais bien des lieux de vie où résident des femmes et hommes avec leurs préoccupations quotidiennes et leurs besoins». Or, à ce jour, déplore FO, «aucune issue correcte n'a été trouvée pour apaiser un conflit dont l'origine se trouve dans la persistance d'un pouvoir d'achat très en dessous du coût de la vie». Dans les jours qui viennent, la confédération «s’adressera au 1er Ministre pour qu’il prenne toutes les dispositions nécessaires et trouve des solutions négociées à une sortie du conflit, avant que ne s’embrase la totalité de l’Outre Mer» dans la mesure où, après la Guadeloupe et la Martinique, «les annonces faites par la Réunion et ce qui pourrait advenir en Guyane» semblent «laisser le gouvernement indifférent». Et FO de le mettre en garde sur une possible extension du conflit à la métropole, en référence à l’appel de tous les syndicats à une nouvelle mobilisation interprofessionnelle sur le pouvoir d’achat et l’emploi le 19 mars devant faire suite au 29 janvier.

Publié dans actualité syndicale

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